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Association entre des profils d’exposition alimentaire aux pesticides et les variations de poids chez les adultes français : Résultats de la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 25/03/2024
Auteurs : Berlivet J, Payrastre L, Rebouillat P, Fougerat A, Touvier M, Hercberg S, Lairon D, Pointereau P, Guillou H, Vidal R, Baudry J, Kesse-Guyot E.

doi: 10.1016/j.envint.2024.108485. Epub 2024 Feb 8. PMID: 38350259.


Contexte : Les pesticides peuvent occasionner de nombreux effets délétères sur la santé, et notamment des désordres métaboliques. Les associations entre l’exposition aux pesticides via l’alimentation et les variations de poids chez l’adulte n’ont été que peu étudiées. Notre étude avait pour objectif d’examiner cette question chez les participants de la cohorte NutriNet-Santé, en se focalisant notamment sur un possible dimorphisme sexuel de la réponse à l’exposition aux pesticides via l’alimentation.

Méthodes : En 2014, les participants ont rempli un questionnaire de fréquence alimentaire permettant de collecter pour 264 items, leur fréquence de consommation, la quantité consommée, en précisant le mode de production (issu de l’agriculture conventionnelle ou biologique).

Les profils d’exposition aux pesticides ont été implémentés par la méthode de matrice factorielle non négative, sur la base de l’observation de typologies d’expositions. Les associations entre les variations de poids et l’exposition aux pesticides en mélange ont été estimées par des modèles mixtes produisant des coefficients (β) et leurs intervalles de confiance (IC95%), au global, puis après stratification par sexe et statut ménopausique.

Résultats : L’échantillon final comptait 32 062 participants, parmi lesquels 8 211 hommes, 10 637 femmes non ménopausées, et 13 217 femmes ménopausées. Le suivi médian était de 7.0 (IQR=4.4 ; 8.0) ans. Quatre profils d’exposition ont été identifiés par NMF.

Au cours du suivi, les hommes et les femmes ménopausées perdaient du poids, tandis que les femmes non ménopausées en prenaient. Une exposition plus forte au profil reflétant une moindre exposition aux pesticides de synthèse était associée à une moindre prise de poids des femmes, et plus spécialement des femmes non ménopausées (β=-0.04 IC95%=(-0.07 ; 0)kg/an, p=0.04).

Chez les hommes, une plus forte exposition au second profil, fortement corrélé à un mélange de 9 pesticides de synthèse (azoxystrobin, boscalid, chlorpropham, cyprodinil, difenoconazole, fenhexamid, iprodione, tebuconazole, et lambda cyhalothrin) était associée à une plus forte perte de poids au cours du temps (β=-0.05, IC95%=(-0.08 ; -0.03)kg/an, p<0.001).

Les autres profils de pesticides identifiés par NMF n’étaient pas associés à une variation de poids.

Conclusion : Cette étude suggère un rôle de l’exposition aux pesticides alimentaires sur les variations de poids, qui serait différent selon le sexe et selon le statut ménopausique chez la femme. Nos résultats suggèrent une association entre une moindre exposition aux pesticides de synthèse et une moindre prise de poids chez les femmes. Chez les hommes, l’exposition à un mélange spécifique est associée à une plus grande perte de poids. Les résultats de cette étude doivent être répliqués, et les mécanismes biologiques sous-jacents doivent être explorés.

Néanmoins, au regard des nombreux effets délétères sur la santé avérés des pesticides de synthèse, il convient de réduire au maximum l'utilisation de ces substances, dans une approche de protection concomitante de la santé humaine et de la santé des écosystèmes.

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